La comptabilité entre dans l’ère digitale et le métier d’expert-comptable doit s’adapter à ces évolutions. À très court terme, la tenue de la comptabilité sera entièrement automatisée et sa restitution quasi immédiate. Mais la profession est-elle prête à investir d’autres sphères de compétence ?
Les outils d’intégration des relevés bancaires et la dématérialisation des pièces sont déjà bien exploités dans la profession. Quasiment tous les éditeurs proposent des outils d’automation.
Robotisation de l’acquisition
La comptabilité fournisseur, par exemple, qui consiste principalement à traiter les factures, en bénéficie grandement :
Les pièces peuvent être directement numérisées ou photographiées par le client et immédiatement transmises au cabinet, au fil de l’eau. Elles peuvent aussi être automatiquement collectées sur les sites des fournisseurs (collecteurs marchands).
Les progrès de l’océrisation permettent d’en automatiser le traitement et de générer les écritures dans la comptabilité du client, avec un taux de reconnaissance automatique d’environ 80% en moyenne.
L’avènement du format Factur-X permet d’améliorer encore le processus en supprimant l’étape d’océrisation. Et pour peu que la pièce soit signée numériquement avec le niveau requis, son archivage permet de s’affranchir de la piste d’audit.
La comptabilité client n’est pas en reste :
Les gestions commerciales génèrent de leur côté des fichiers de ventes, avec souvent désormais les pièces associées jointes.
Certains logiciels, comme la solution de production et de gestion Suite Expert que propose ACD Groupe, les intègrent automatiquement, via les mêmes services de dépôt dématérialisé utilisé pour la collecte des documents sur la plateforme web du cabinet.
Ces fichiers peuvent venir directement d’outils de gestion, comme ceux de la plateforme MEG de RCA ou bien être déposés par le client, après génération depuis son logiciel.
Automation des traitements comptables
Les logiciels comptables de dernière génération offrent de l’automation jusqu’à la révision, où des « assistants » métier apportent encore des gains de productivité conséquents. « L’intelligence » et l’autonomie de ces outils s’améliorent et se fiabilisent, version après version.
Restitution quasiment en temps réel
Si on considère une alimentation au fil de l’eau de la tenue grâce à la robotisation, avec des applications web ou mobiles connectées à la plateforme web du cabinet, celui-ci met à disposition de ses clients des tableaux de bord dynamiques, automatiquement à jour, et un accès permanent à leurs documents archivés, sans y consacrer la moindre ressource. Ces données sont toutes autant disponibles sur le site de leur expert-comptable que sur leur smartphone.
Le cabinet répond ainsi au besoin d’immédiateté d’accès à ses informations, que le client d’aujourd’hui exige de ses prestataires, qu’il soit expert-comptable, banquier ou autre.
Le cabinet doit se réinventer
Du fait de cette transformation numérique, le cabinet doit se réinventer, se préparer à répondre différemment aux attentes de ses clients et leur proposer de nouveaux services.
Si de nombreuses tâches comptables sont ou seront remplacées par des robots, ils ne couvriront jamais l’intégralité des fonctions. Le comptable peut ainsi se concentrer sur les tâches à plus forte valeur ajoutée, qui sont généralement plus épanouissantes.
Or malgré l’avancée de ces évolutions depuis plusieurs années, curieusement, les missions de conseils, facturées séparément des missions traditionnelles, plafonnent à 7% du CA des cabinets de moins de 50 collaborateurs (1).
Créer de nouvelles missions
Les experts-comptables ne doivent donc pas se contenter d’enrichir leurs missions d’aujourd’hui, mais en créer de nouvelles, avec une réelle plus-value pour leurs clients, afin de trouver de nouvelles sources de revenus et de nouvelles activités pour leurs collaborateurs.
Ces missions sortent de la sphère de compétence traditionnelle de l’expert-comptable. Il peut s’agir par exemple d’accompagnement sur la stratégie, sur les ressources humaines ou encore la mise à disposition via leur plateforme web de services collaboratifs, fournis par leurs partenaires informatiques, comme le propose ACD Groupe avec sa solution i-Suite Expert.
Ces services augmentent la valeur ajoutée du cabinet, tout en offrant à ses clients des fonctionnalités qui le rendent incontournable. Ils ont également l’avantage de fluidifier les échanges, de faciliter le travail du collaborateur, voire de participer à l’automation des process.
Engager le changement
La bonne nouvelle est que la profession a de nombreux atouts, notamment sa proximité avec le chef d’entreprise. Elle a toujours su évoluer et les enjeux de ce métier restent d’une dimension maîtrisable, comparativement à bien d’autres professions tout autant atteintes par ces changements.
L’expert-comptable ne pourra répondre seul à ce grand défi : il devra le construire avec ses clients et ses collaborateurs, mais aussi d’autres professionnels, en cultivant un mode dynamique de collaboration et de partage, bien plus développé qu’aujourd’hui.
En guise de conclusion, je reprendrai le proverbe chinois qu’affectionne tant mon associé de président : quand le vent du changement se lève, les uns construisent des murs, les autres des moulins à vent…
Par Thierry BANCHETRY, Directeur produits ACD Groupe
- Source CSOEC – SIC n° 380 de janvier 2019